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Thérapie, couples et communication

Commencer par comprendre l’histoire de la relation

Une bonne première étape consiste à explorer l’histoire de chacun. Quelle a été leur expérience individuelle des relations ? Que ce soit consciemment ou inconsciemment, qu’attendent-ils de la relation ?

Nos premiers éducateurs (généralement, mais pas toujours, nos parents) posent ce qui deviendra nos attentes relationnelles. Est-ce que nous les avons vus discuter des choses ouvertement, ou au contraire enfouir les problèmes ? Quel rôle avait chaque parent, et quelle place le client occupait-il dans cette dynamique ?

En explorant ces questions et d’autres thèmes associés, nous pouvons commencer à établir des repères sur ce que chacun considère comme « normal ». Souvent, sans en avoir conscience, les patients ont des attentes très différentes de ce que signifie « communiquer ».

Discuter de tout cela peut permettre de dépersonnaliser les échanges du couple. L’un dira souvent que ses parents refusaient de parler des problèmes, tandis que l’autre dira que tout était abordé en détail. Il ne s’agit pas ici de juger, mais simplement de comprendre les attentes respectives.

Créer un espace sécurisé pour communiquer

Une autre étape consiste à évaluer si les deux partenaires se sentent en sécurité et capables de parler. Il ne s’agit pas de leur offrir une excuse pour éviter les discussions difficiles, mais il est crucial que chacun puisse exprimer librement ce qu’il ressent.

Souvent, en cas de conflit, les styles s’opposent : l’un veut parler tout de suite, l’autre veut fuir ou clore la discussion — soit de manière passive (en prenant toute la faute), soit de façon plus négative (en rejetant la faute). Cela conduit souvent à des disputes où les anciennes blessures se rouvrent, et personne ne se souvient de ce qui était censé être dit à l’origine.

Un bon réflexe est de prévoir un moment pour parler. Cela peut aider un partenaire à demander : « Est-ce un bon moment pour discuter ? », et à l’autre de répondre honnêtement, ou de proposer un moment plus approprié. Cela évite les conversations improvisées qui tournent mal.

Communiquer sans blâmer

Quand la conversation a lieu, la première chose à faire est de supprimer la notion de blâme. Plutôt que de dire : « Quand tu as dit… » ou « Quand tu as fait… », mieux vaut dire : « Quand cela s’est produit… », car cela permet de partir de faits perçus comme plus objectifs.

On enchaîne ensuite avec : « Je me suis senti(e)… », et c’est ce sentiment qu’il est important d’exprimer et de faire entendre.

Nous avons tous vécu des situations où notre partenaire nous accuse, et où nous sommes tellement occupés à préparer notre défense qu’on ne l’écoute même pas. La culpabilité et la honte prennent le dessus, ce qui nous pousse à nous défendre.

On finit par répliquer en disant que l’autre a fait quelque chose de similaire, ce qui détourne la discussion. Beaucoup de couples disent qu’ils ne se rappellent même plus l’origine de la dispute. Et lorsqu’on la découvre, on se rend compte qu’elle aurait pu être résolue de manière simple et positive.

Construire des habitudes de communication saines

Une bonne métaphore est celle de retirer la balle d’un match de tennis. Quand on décide d’avoir une discussion, la personne qui l’a demandée prend la parole en premier, sans accusation, en mettant en avant ses ressentis. Le rôle de l’autre est d’écouter, sans répondre.

Cela peut sembler contre-intuitif au début, mais avec de la pratique et de l’encouragement, cela devient naturel. Ce n’est pas si différent des compétences que les thérapeutes eux-mêmes apprennent. Et le mot-clé pour les couples est : la curiosité.

Soyez curieux :

  • de ce que l’autre ressent,
  • de ce qui déclenche ces émotions,
  • de ce qui les a provoquées.

Tout cela, sans chercher un coupable.

Exprimer ses besoins sans faire d’hypothèses

Un autre aspect essentiel est de dépersonnaliser les difficultés. Si un partenaire rencontre un problème, ce n’est pas forcément une accusation. Nous ne sommes pas devins. Si l’un a besoin de quelque chose, il n’est pas juste de s’attendre à ce que l’autre le devine. Nous avons tous nos propres préoccupations.

Les phrases commençant par « Je » sont utiles pour que chacun puisse exprimer ses besoins. Le « nous » n’est pas obligé de ressentir la même chose que le « je », mais il peut y répondre, l’accompagner, le soutenir.

Nous avons tendance à automatiser l’autre, à croire qu’on le connaît par cœur. Mais en réalité, nous ne le connaissons jamais totalement – parfois même moins que nous ne nous connaissons nous-mêmes. Et ça, c’est déjà compliqué.

Mais c’est une bonne chose : cela signifie que nous pouvons toujours apprendre sur l’autre, et surtout, sur nous-mêmes.

Encore une fois, la curiosité peut tout changer :

  • Pourquoi mon/ma partenaire réagit-il(elle) comme ça ?
  • Qu’est-ce qui est déclenché chez lui/elle ?
  • Et si ce n’était pas de ma faute ? Ou si ça l’était, peut-être que ça réactive quelque chose de plus ancien, qui ne me concerne pas directement ?

Lorsque les couples explorent cela ensemble, cela peut être révélateur, émouvant, et renforcer la connexion entre eux.

Faire des bilans émotionnels quotidiens

Autre bonne habitude : faire des bilans réguliers. Trouver un moment dans la journée pour se dire comment on se sent. Cela permet de lever le voile sur les émotions.

Exemples :

  • « J’ai une réunion aujourd’hui au travail qui me stresse. »
  • « Les enfants commencent une nouvelle activité ce soir, je suis un peu anxieux(se) pour eux. »
  • « J’ai mal dormi, donc je suis un peu à fleur de peau. »

Ces petits partages aident à mieux se connecter.

Un exercice amusant et utile au début des séances est de demander à chaque partenaire de faire le bilan émotionnel à la place de l’autre. C’est souvent révélateur et parfois drôle – et l’humour a toute sa place dans la thérapie de couple. Cela montre aussi comment on projette nos peurs sur l’autre, ou comment on prend trop de responsabilités à leur place.

Se concentrer sur le changement individuel

Presque tous les couples veulent du changement, et il est utile d’aborder ce sujet dès le départ. Le changement est une action, pas une idée. Cela signifie faire les choses différemment et en assumer la responsabilité individuellement.

Il y a plus de pouvoir dans la question :
« Que puis-je faire de différent ? »
que dans :
« Que dois-je attendre de mon/ma partenaire ? »

Cela rejoint un principe célèbre :
« Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour votre pays. »

En conclusion, voici quelques principes simples à retenir :

  • Écoutez, ne répondez pas.
  • Faites des bilans, ne supposez pas que l’autre sait.
  • Expliquez, ne blâmez pas. Une explication simple mais puissante : nous agissons par amour ou par peur. Donc, répondez avec amour, et non avec honte ou culpabilité – qui naissent de la peur.
  • Trouvez le « je », puis découvrez le « nous ».
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