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Le défi de la vie d’expatrié

Les problèmes de santé mentale sont fréquents au sein des communautés d’expatriés. Quelles en sont les raisons ? Et comment la thérapie peut-elle aider ?

Un expatrié est une personne vivant dans un autre pays, principalement pour des raisons professionnelles, mais ayant l’intention de retourner dans son pays d’origine. L’OCDE estime qu’il y a 36 millions d’expatriés dans le monde.

Les différences entre l’environnement familier d’origine et le nouveau lieu de résidence peuvent être mineures ou importantes, incluant la culture, la religion, la langue, les aspects sociaux et le climat. D’autres facteurs courants peuvent inclure la séparation avec la famille et les amis ; l’exposition à la pauvreté, à la violence, à la souffrance et à la mort ; le risque de maladies ; le besoin de développer un haut niveau d’autonomie.

Les questions d’identité et de perte deviennent souvent centrales, en particulier si les expatriés changent fréquemment de pays et de contexte : Qui suis-je ? Où est mon chez-moi ? Comment les autres me perçoivent-ils ? Est-ce que je veux m’intégrer, et comment puis-je le faire sans perdre des aspects importants de mon identité ?

Les perturbations fréquentes ou les ruptures de relations entraînent une peine humaine, parfois laissée sans attention ni traitement. Les déménagements fréquents peuvent aussi modifier les schémas relationnels, des relations ou amitiés proches étant parfois (inconsciemment) évitées afin de ne pas souffrir de la séparation.

Le soutien social et familial est souvent considérablement réduit. Parfois, l’accès facile aux technologies de communication comme WhatsApp ou Facetime peut être à la fois utile et nuisible. Garder le contact avec famille, amis et collègues dans différents fuseaux horaires peut perturber les routines quotidiennes et les cycles de sommeil. Une culture permanente du « toujours joignable » conduit à une anxiété accrue et nuit à l’équilibre vie-travail. Le corps et l’esprit ont un temps limité pour se régénérer.

Trouver quelqu’un à qui parler lorsqu’on traverse une période difficile peut être compliqué, et il est courant d’intérioriser ses problèmes. Plutôt que d’affronter la difficulté, l’ignorer et espérer qu’elle se résolve d’elle-même avec le temps ou à la fin de la mission à l’étranger sont des choix plus courants. Bien que cette stratégie puisse fonctionner temporairement, le risque est que les problèmes et les peurs s’accumulent, évoluant vers de l’anxiété ou de la dépression, qui affectent la santé physique, les relations et la performance au travail.

Selon le secteur d’activité, les perspectives de carrière peuvent manquer de sécurité ou être très compétitives. Les normes culturelles liées au travail peuvent différer. La peur de l’échec et de perdre la face au travail et dans la communauté expatriée peut créer un sentiment de piège, sans issue apparente.

L’effet combiné de l’inconnu, des différences culturelles, des charges de travail importantes, des déménagements et des ajustements familiaux peut entraîner des problèmes de santé et émotionnels tels que le stress, l’anxiété, la fatigue, l’insomnie, l’isolement, les difficultés relationnelles, les tensions musculaires et un affaiblissement du système immunitaire. Il devient alors difficile de distinguer la cause de l’effet, les difficultés se multipliant.

Pour certains, le retour au pays d’origine peut créer de nouveaux problèmes liés à l’identité et aux relations. La vie à l’étranger peut avoir offert plus de privilèges sociaux ou économiques et de liberté. Selon la durée de l’expatriation, des changements peuvent avoir eu lieu dans la famille, au travail ou dans les cercles d’amis. On peut se sentir moins connecté et à l’aise avec les autres qu’auparavant. On peut être perçu différemment, comme un étranger, plutôt que comme une personne faisant véritablement partie du groupe. On peut même avoir le sentiment de n’appartenir à aucun pays.

La thérapie peut aider de plusieurs façons et à différents stades de l’expérience d’expatriation. Parler à quelqu’un d’extérieur permet de bénéficier d’un cadre confidentiel pour exprimer ses difficultés et ses peurs (avant le départ à l’étranger) ou pour traiter des expériences difficiles pendant ou après la mission (comme les traumatismes, l’anxiété, les addictions, les difficultés relationnelles, le stress professionnel, les pertes et les problèmes d’identité). Pendant la mission, la thérapie peut faire partie d’un réseau de soutien, offrant une occasion régulière de faire le point et d’analyser les expériences avant qu’elles ne deviennent problématiques. Elle peut également aider à explorer des techniques et des stratégies d’auto-assistance pour gérer le stress et l’anxiété liés au travail.

Dans l’ensemble, la thérapie peut contribuer à relâcher la pression, à retrouver de la force émotionnelle et à avoir une meilleure perspective de sa situation – ce qui est au cœur de la prise de décision pour sa propre vie.

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